Association avion René Grandjean

PRIX D’AVIATION DE l’AUTOMOBILE-CLUB DE SUISSE

Le moteur Oerlikon était donc bien installé sur mon avion. C’était l’ingénieur Rudolf Egg, inventeur de ce fameux moteur, qui avait insisté auprès de la Fabrique Oerlikon pour qu’il me soit confié. Je fis alors plusieurs meetings, entre autres à Rheinfelden et à Frauenfeld.

À Rheinfelden, après trois vols de dix minutes chacun, une bielle a cassé et j’ai dû redescendre en vol plané, avec l’hélce en croix.

À Frauenfeld, autre panne. J’étais à trois cents mètres quand la conduite d’eau a sauté. Je recevais l’eau bouillante en pleine figure et je dus descendre, en vitesse naturellement. La réparation fut vite faite et je pus terminer le meeting. Il le fallait car… j’étais le seul aviateur inscrit.

Entre-temps, je m’étais inscrit pour tenter le Prix de l’Automobile-Club suisse, de cinq mille francs. L’inscription coûtait deux cents francs et les commissaires devaient être convoqués quinze jours à l’avance.

Au jour fixé, je devais faire deux séries de cinq  » huit », entre deux pylônes distants de cinq cents mètres, puis atterrir dans un rayon de cinquante mètres dessiné sur le sol. Je réussis parfaitement la première série et je repartis pour la deuxième. Mais au second « huit », un  » patatras  » formidable se produisit et, secoué, je descendis et atterris dans les marais… Le moteur était cassé en deux; il en pendait un morceau de chaque côté de l’appareil. L’hélice risqua bien de tout démolir et moi avec.

Bref, ma tentative était ratée. Il fallait tout recommencer. La Société Oerlikon répara le moteur et y mit un carter renforcé. Elle paya, cette fois, les deux cents francs d’inscription pour une deuxième tentative.

Quinze jours plus tard, les commissaires étaient là, mais… impossible de sortir l’appareil du hangar; le vent, la pluie, un véritable ouragan rendaient toute tentative impossible.

Nous étions le 15 octobre. Le délai pour le concours de ce prix finissait le 31 décembre 1911 et il n’était pas renouvelé pour 1912. Il n’y avait donc pas de temps à perdre, et le mauvais temps persistait.

Je m’inscrivis une troisième fois, pour le 4 décembre 1911.

Ce jour-là, il fit un temps superbe et je réussis les épreuves sans histoire. C’était vraiment le dernier moment car… le lendemain et tout le reste du mois de décembre, le mauvais temps fit rage.

Si je n’avais pas gagné ce prix, il aurait été caduc, car aucun aviateur suisse n’aurait pu le tenter. La condition primordiale était de posséder un appareil et un moteur de fabrication suisse. Armand Dufaux seul pouvait se permettre de le tenter avant moi. Déjà en 1910, il avait monté le moteur Oerlikon sur son appareil, mais, je ne sais pour quelle raison, il avait rendu le moteur à Oerlikon et n’avait pas convoqué la commission de l’A.C.S.


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